Saint Esteben, les 22, 23 et 24 juin 2018
Mon carnet de notes s’arrête au 22 juin vers 17 heures… comme dans une nouvelle de Lovecraft… et c’est de mémoire que je vous raconte la suite…
Nous fûmes 16 à arriver les uns après les autres chez les « fous du village ». 16 à s’observer avec ce mélange d’excitation et d’appréhension, comme un premier jour de colonie de vacances. 16 personnes réunies pour participer à un stage d’initiation au chamanisme.
Je pense que chacun a une idée plus ou poins précise de ce qu’est le chamanisme. Pour faire court, le chamanisme c’est entrer en communication avec d’autres dimensions par le biais de la transe. Le plus connu, le plus spectaculaire est le chamanisme sud-américain dans lequel la transe est induite par des plantes psychoactives. Rassurez-vous, ces deux jours se déroulerons sans usage de drogues, mais au son du tambour tel que le pratiquent les chamans sibériens, entre autres.
Pour la majorité des chamanismes sur la planète, le « monde invisible » se divise en 3 mondes : « Le monde d’en bas » où se trouvent nos animaux de pouvoirs, « le monde d’en haut » où se trouvent nos guides spirituels et « le monde du milieu » qui est une sorte de double du notre, le seul des trois à ne pas être absolument bienveillant.
Le but de ce week-end va être de nous initier à la transe et de nous aider à voyager dans ces différents mondes…
Les fous du village, se sont nos hôtes qui ont donné ce nom parfait à leur magnifique maison dont la photo est là. Cette splendide maison d’hôte qui accueille régulièrement des stages est gérée par une petite troupe absolument charmante et accueillante. Ils ont acheté une ruine et, grâce à un chantier participatif, en ont fait en 2 ans un véritable petit paradis.
Me direz-vous, il manque un acteur principal à mon histoire… Le chaman !
Grand, mince, une musculature qui trahit une très longue pratique des arts martiaux, un sourire absolument sympathique et engageant, dégageant cette sensation physique rare de celui qui est à sa juste place dans le monde. Gorka Etxarri est, comme son nom l’indique, un homme du terroir, c’est en tout cas un homme attaché à sa terre, c’est avant tout un homme attaché à La Terre. C’est aussi un homme qui a le sens de la formule et, au cours de son enseignement toujours « simple et pragmatique » mais impeccablement rigoureux, il nous distillera de forts justes sentences dont je vous livre quelques exemples : « De tout ce que je vais vous dire, ne croyez rien, expérimentez ! », « Si vous voyez un chaman qui ressemble à un chaman, partez en courant » (il faut dire que Gorka, en jean et t-shirt ne ressemble pas particulièrement à l’image d’Epinal du chaman), « L’ayahuasca est une déesse, pas un carambar », « le chaman est un bon plouc, il ne sait rien, il ne fait, rien, c’est un os creux ». Voilà le genre de discours qui me va parfaitement ! Vous l’aurez compris, notre enseignant a un solide sens de l’humour et fait ce qu’il a à faire avec le plus grand sérieux mais sans se prendre au sérieux.
Le tableau serait incomplet si je ne vous parlais pas de Marlène, l’épouse de Gorka qui avec gentillesse, bienveillance et discrétion seconde son mari. Elle gère l’intendance, le seconde dans les cérémonies, toujours là, sans se faire remarquer, sa belle énergie contribue à la réussite du stage.
Très vite, le groupe c’est créé, nous avons échangé avec beaucoup de liberté et de simplicité sur ce qui nous avait amené là. Des histoires édifiantes pour beaucoup ! Quand je dis que le groupe c’est créé, ce n’est pas un vain mot, on sentait que chaque personne présente n’était pas là par hasard. Une belle énergie émanait de l’ensemble. J’ai rencontré à Saint Esteben de belles personnes que j’espère ne jamais perdre de vue.
Je vous raconterais très peu de ce qui c’est passé pendant ce week-end, presque rien, sachez simplement que je ressentis la première expérience comme un échec, me laissant avec un terrible sentiment de frustration. Métaphoriquement, je racontais ça comme-ça : « Les copains avaient pris l’avion, passé des super vacances avec de super souvenirs et moi j’étais resté à la porte de l’avion… tout juste avais-je reçu une carte postale. »
Les heures qui ont suivi furent difficiles et se remis en route, en moi, la petite machine à échouer que je connais si bien. Etonnement, très étonnement, la machine à échouer s’est rapidement arrêtée, elle qui d’habitude prend les commandes pour plusieurs jours de broyage de noir, a arrêté de tourner en moins de deux heures, j’avais repris les rênes (mais peut-être n’était-je pas l’auteur de tout cela ?).
la « séance » suivante fut puissante, très puissante et me laissa en larmes… et je n’en dirais pas plus quant au reste du stage.
« Juste » n’est pas particulièrement un mot de mon vocabulaire et pourtant c’est le mot qui m’est revenu le plus souvent au cours des différents rituels. « Ce qui se passe est juste ». Je ne cherche pas à plus en comprendre.
À la fin de cet incroyable week-end solsticial, on a eu du mal à partir tous, les adieux ont traîné, on s’est pris dans les bras, on s’est serrés fort, conscients d’avoir vécu ensemble un grand moment.
Je suis reparti le dimanche soir très différent de celui que j’étais le vendredi après-midi. Le même mais différent, comme me le dirent plusieurs personnes à mon retour. Différent parce que plus ouvert, plus intuitif, plus sensible aux énergies et surtout, surtout, moi l’éternel sceptique, moi le champion de l’intellectualisation, je sais (je sais, pas je crois) que notre réalité ordinaire n’est qu’une petite fenêtre sur le monde magnifique qui nous entoure.
Alors, à quoi ça m’a servi de toucher du doigt ces « mondes » me demanderez-vous ?
Je ne vais pas vous faire une réponse alambiquée en cherchant à convaincre qui que ce soit, je vais juste vous livrer des mots avec lesquels je suis reparti, des mots employés aujourd’hui à tort et à travers et auxquels il convient, non seulement de redonner leur sens, mais de les vivre au plus profond de nous comme je vais m’efforcer de le faire dorénavant .
Oui !
Juste
Bienveillance
Gratitude
Amour
Intention
Respect
Terre-mère
Rituel
Soin
Simple – Pragmatique – Sauvage